Les enjeux environnementaux et sociaux ont fait émerger de nouveaux modèles de comptabilité permettant de mesurer et piloter la performance sociale et environnementale d’une entreprise dite “comptabilité extra financière”. Ces pratiques comptables sont récentes et multiples. Dans cet article, nous vous expliquons les différentes méthodes pour mettre en place des indicateurs de performance extra-financière et comment remonter ces données dans une Déclaration de Performance Extra Financière (DPEF) (=reporting extra financier qui s’apparente à un rapport RSE). Laissez-vous guider !
Qu’est-ce que la Comptabilité Extra Financière (CEF) ?
Le changement climatique est une réalité que les entreprises ne peuvent plus ignorer. Elles sont de plus en plus nombreuses à engager des actions RSE et à avoir recours à la comptabilité extra-financière pour les valoriser.
La comptabilité extra-financière (CEF), c’est la prise en compte et la mesure de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance de l’entreprise. Cela permet d’identifier les impacts positifs et négatifs de l’entreprise et de les piloter.
La comptabilité extra-financière prévoit la publication d’un rapport extra-financier, comprenant les données collectées, un gage de transparence qui permet de démontrer son engagement à ses parties prenantes internes ou externes. Pourtant, seuls 27% des entreprises de la région sud publient un rapport extra-financier selon le baromètre RSE région sud du Groupe Rive Neuve.
Des obligations légales en matière de comptabilité extra financière
Depuis 2017, la Directive européenne #NFRD impose aux entreprises, à partir d’un certain chiffre d’affaires ou d’un certain nombre de collaborateurs, la rédaction d’une Déclaration de Performance Extra Financière (DPEF) annuelle. En décembre 2022, une nouvelle Directive européenne la #CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) imposera à davantage d’entreprises un reporting extra financier de plus en plus détaillé à compter de 2025 sur l’exercice 2024. Pour en savoir plus sur les obligations légales, c’est par ici.
Pourquoi avoir recourt à la comptabilité extra financière ?
Se lancer dans la comptabilité extra-financière peut être un véritable atout pour les entreprises. Voici quelques avantages à initier cette démarche :
- Un atout par rapport aux parties prenantes internes
Elle permet de renforcer sa marque employeur, en crédibilisant son engagement environnemental et social.
- Un atout vis-à-vis des parties prenantes externes
Mettre en place une CEF a un impact très positif sur sa réputation d’entreprise vis-à-vis de ses partenaires et clients. Attention toutefois à éviter le “greenwashing”.
- Pour répondre aux appels d’offres
L’engagement de son entreprise, matérialisé par un reporting extra financier est un critère de plus en plus répandu dans le cahier des charges des appels d’offres publics et privés. La CEF peut donc devenir un véritable avantage concurrentiel permettant d’ouvrir certains marchés publics et/ou privés.
- Un argument pour les financeurs
La mise en place d’une CEF peut être un véritable argument et un levier vis-à-vis des financeurs qui sont de plus en plus soucieux d’investir et de soutenir les entreprises qui démontrent “factuellement” leur engagement.
- Pour anticiper la règlementation
Comme précédemment indiqué, à date, plusieurs catégories d’entreprises ne sont pas encore soumises aux obligations de CEF. Cependant, les règlementations évoluent rapidement et anticiper ces évolutions parait une excellente idée pour se laisser le temps de mettre en place des actions concrètes pouvant être valorisées et éviter de se faire prendre de court.
Quelles sont les différentes méthodes de comptabilité extra-financière ?
Les outils empreinte
Les outils « empreinte » permettent de mesurer des éléments de CEF en unités physiques comme les tCO²e, kg. Ils sont utilisés pour mesurer un seul critère, un seul type d’émissions par exemple, ou un seul produit. C’est un outil facile à mettre en place et mature, qui représente souvent le socle de la CEF. Voici deux exemples d’outils « empreinte » :
- Le bilan carbone
Réaliser un bilan carbone permet de mesurer l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise, sur une période donnée. Elles sont calculées en tonnes de CO2 et divisées en trois « scopes », scope 1 2 3. Les scopes 1 et 2 représentent les activités de l’entreprise, tandis que le 3 concerne les activités en amont et en aval de l’entreprise. La réalisation d’un bilan permet donc d’estimer l’empreinte carbone de l’entreprise, et ainsi d’envisager une réduction des émissions de CO2 si elles sont élevées.
Pour en savoir plus sur le bilan carbone, vous pouvez consulter cet article ou télécharger notre livre blanc.
- L’Analyse de Cycle de Vie (ACV)
L’analyse de cycle de vie permet d’étudier les impacts environnementaux et sociaux d’un produit ou d’un service, du début jusqu’à la fin de sa vie (de la création du produit à son utilisation par le client par exemple). L’extraction des matières premières, la production, la distribution, l’utilisation… tout est pris en compte !
Elle permet de récolter des données comme les émissions de gaz à effet de serre (GES), la quantité de déchets produits, l’énergie consommée…
Les outils multicritères
Ils permettent une CEF plus poussée, en se basant sur les outils « empreinte » décrits précédemment. Ils servent à mesurer l’impact en unités physiques ou monétaires, et différencient la comptabilité extra-financière de la comptabilité financière. L’exemple type de ces outils est le LIFTS (Limits and Foundations Towards Sustainability) développé par Audencia.
La méthode LIFTS s’inspire de la Théorie du Donut de Kate Raworth présentée dans L’économie de demain en 7 principes. Cette théorie explique qu’il existe des limites planétaires, qu’il faut préserver. Le but ? Ne pas dépasser les seuils et trouver un équilibre pour vivre dans un monde sûr, juste et durable.
Concrètement, la méthode LIFTS vise à appliquer la Théorie du Donut à l’échelle de l’entreprise. Une multitude de critères sont alors pris en compte, tant au niveau social qu’environnemental.
Les outils intégrés
Ces outils combinent la comptabilité extra-financière avec la comptabilité financière. Les chiffres et les euros viennent alors côtoyer les émissions de GES et le réchauffement climatique. La méthode CARE (=Comptabilité Adaptée au Renouvellement de l’Environnement) en est un exemple.
Développé en 2012 par Jacques Richard et Alexandre Rambaud, chercheurs à l’Université Paris – Dauphine, ce modèle indique qu’une entreprise doit payer sa dette écologique avant de calculer ses profits. La durabilité est forte dans cette méthode, puisqu’ils considèrent un capital comme propre à lui-même : il n’est pas substituable avec un autre, comme pourrait l’être la compensation carbone par exemple.
Pour en savoir plus sur la méthode CARE, c’est ici.
Comment intégrer les données extra-financières dans un rapport ?
Une fois qu’une entreprise dispose de données factuelles, elle peut ensuite les publier dans un rapport dit “extra financier” ou “rapport RSE”. Cela permet de rendre compte de son engagement vis à vis de ses parties prenantes, mais également de piloter ces indicateurs d’année en année.
Si de nombreuses entreprises se prêtent déjà à cet exercice de reporting extra-financier, rappelons qu’elles y sont contraintes dès lors :
- Qu’elles sont cotées en bourse, et ont + 500 salariés, un bilan > 20 M€ ou un CA > 40M€ et qui sont cotées en bourse
- Qu’elles ne sont pas cotées en bourse mais ont +500 salariés, un bilan ou CA > 100 M€
Pour en savoir plus sur les obligations légales, cliquez ici.
Vous souhaitez aller plus loin ?
Voici quelques pistes pour vous aider dans votre démarche :
La comptabilité extra-financière vous intéresse ?
Vous souhaitez la mettre en place dans votre entreprise ?
Voici quelques liens pour aller plus loin :
- Téléchargez notre replay du webinaire « reporting extra-financier, par où commencer ? » animé par Thomas Nouvian.
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