Dans son plan de sobriété énergétique annoncé le 6 octobre 2022, le Gouvernement demande aux entreprises de baisser leurs consommations d’énergie de 10 %, pour aider le pays à « passer l’hiver ». Et si cette crise énergétique, au-delà les difficultés et des inquiétudes qu’elle engendre, était l’occasion de revoir notre modèle et d’enclencher enfin la transition énergétique ?  

Sobriété énergétique<br />
Transition entreprise
Début septembre 2022, l’usine Duralex annonçait l’arrêt de sa production pour 5 mois et plaçait l’ensemble de ses salariés en chômage partiel. Au même moment, ArcelorMittal et le verrier Arc France ralentissaient leur activité pour faire face à la flambée des prix de l’énergie. Les grandes entreprises des secteurs de la sidérurgie ou de la métallurgie, très énergivores, sont les premières impactées, mais derrière elles, les entreprises d’agro-alimentaire tirent déjà la sonnette d’alarme. 

Le 20 septembre, le ministre de l’Industrie Roland Lescure ne cachait pas son inquiétude au micro de Sud Radio : « On parle aujourd’hui de quelques dizaines d’entreprises, un peu plus de 300, qui nous alertent en disant ‘là, je peux plus, il va falloir faire quelque chose’ ». Il y a un « risque de décrochage » pour certaines entreprises cet hiver, ajoutait-il.  

Objectif  -10 % 

À situation exceptionnelle, mobilisation exceptionnelle. Le Gouvernement a annoncé le 6 octobre dernier un grand plan de sobriété énergétique. Avec un double objectif : réduire de 10 % nos consommations énergétiques au niveau national sur les deux prochaines années et réduire de 40 % la consommation d’énergie d’ici 2050 afin d’atteindre la neutralité carbone. 

15 actions concrètes, prises par les organisations patronales et syndicales et l’ensemble des fédérations professionnelles pour plus de sobriété au sein des entreprises sont ainsi présentées. Certaines sont rapides à mettre en application : arrêt de la ventilation et du chauffage dans les périodes d’inoccupation, mise en veille automatique de certains appareils (photocopieurs,  imprimantes, distributeurs de boissons… ), installation de détecteurs de présence pour l’éclairage dans les zones de passage (couloirs, escaliers…), extinction de l’éclairage intérieur des bâtiments lors des périodes de fermeture et réduction de l’éclairage extérieur… L’un des tout premiers leviers à actionner reste l’abaissement du chauffage à 19 °C. « Un degré de moins permet de réduire la consommation de 7 % », indique l’Ademe. Il est également conseillé aux entreprises de désigner un référent de la sobriété énergétique, à l’image des référents « Covid » désignés dans les entreprises pendant la pandémie. Une bonne idée, selon Marc Jedliczka, de l’association Négawatt pour « s’assurer que les mesures vont s’appliquer, les inscrire dans les process et les placer sous la responsabilité d’un collaborateur identifié ». 

Investir pour moderniser les infrastructures 

Pour faire baisser la facture,  les entreprises peuvent aussi améliorer leurs performances énergétiques : isoler les bâtiments, remplacer le matériel énergivore, miser sur les énergies renouvelables …  

En Vendée, Fleury Michon et Bénéteau ont déjà installé des panneaux photovoltaïques sur les parkings de leurs usines.  

Viser une sobriété durable  

Cédric Jeanneret, expert en économie d’énergie au sein des Services industriels de Genève (SIG) explique dans la revue de CLER, le réseau pour la transition énergétique : « la sobriété, c’est en quelque sorte le socle non technologique de la décarbonation de notre société, complémentaire aux mesures d’efficacité énergétique et à la production d’énergies renouvelables. Ces trois leviers s’articulent étroitement : j’implante des panneaux photovoltaïques pour produire des énergies renouvelables, je rénove mon éclairage pour plus d’efficacité et j’éteins les lumières la nuit par sobriété. »  

Mais pour Caroline Drevon,  cofondatrice de Brainergies qui accompagne les entreprises vers la transition bas carbone, la sobriété va bien au-delà de l’efficacité et de l’efficience énergétique. « La sobriété, c’est faire autant avec beaucoup moins. Pour une entreprise, cela amène à travailler autour de la notion de « juste besoin », à avoir une autre approche, à questionner en profondeur son organisation en intégrant tous les aspects (clients, fournisseurs, transports…) ».  

Petit coup de pouce 

Les définitions utiles 📚

 

Efficacité énergétique (ou efficience énergétique) 

C’est le rapport entre l’énergie délivrée par un système (dite énergie « utile ») et l’énergie consommée par celui-ci pour fonctionner. 

Augmenter l’efficacité énergétique permet de réduire les consommations d’énergie, à service rendu égal. L’efficacité énergétique des appareils électroménagers, par exemple, est exprimée par une classe énergétique allant de A  à D. On utilise aussi ce critère d’efficacité énergétique dans les DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), obligatoires pour la location d’un bien immobilier.  

Sobriété énergétique 

C’est une démarche qui vise à diminuer les consommations d’énergie par des changements de mode de vie, de comportement, d’organisation collective : chauffage à 19°C dans les bâtiments, limitation de l’éclairage public…  Le plan de sobriété énergétique annoncé le 6 octobre dernier par le Gouvernement vise une réduction de 10 % de la consommation d’énergie d’ici 2024. 

Les ressources pour en savoir plus 👩‍🏫

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