L’expérimentation par 61 entreprises britanniques de la semaine des quatre jours montre que l’importance accordée au fait de considérer la question du bien-être au travail est en hausse. Ces évolutions interviennent en raison de la forte remise en question constatée actuellement autour des emplois ne possédant pas de sens appelés les « bullshit jobs » (David Graeber, 2018).

Ainsi, dans cet article on vous explique tous les enjeux associés à la quête de sens au travail !

1. Les raisons de l’essor de la recherche de sens au travail

De nombreuses études mettent en avant le fait que les individus souhaitent de plus en plus posséder un travail ayant du sens. Selon la revue de l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) publiée en 2023, une activité avec du sens peut être celle qui apporte une utilité sociale ou qui est en accord avec ses valeurs personnelles et professionnelles, offrant des bénéfices au-delà de la rémunération financière. Notamment, selon l’étude produite par l’APEC Cinq enjeux pour l’emploi cadre en 2021 (janvier 2023) à la fin de l’année 2022 95% des cadres interrogés affirmaient qu’avoir un emploi doté de sens était capital pour eux.

Le fait que les entreprises prennent davantage en considération ces aspects est primordial face au constat des multiples vagues de démissions qui sévissent en Occident. La « grande démission » en 2021 aux États-Unis avec la démission d’environ 48 millions d’américains en témoigne (Le Monde) et selon l’ouvrage Redonner du sens au travail (2022) de Coralie Perez et Thomas Coutrot de 2013 à 2016 la démission des individus s’expliquait massivement par le fait que ces derniers ne trouvaient que peu voire pas du tout de sens à leur travail en 2013. 

La pandémie de COVID19

Avec la pandémie de COVID-19, les individus ont reconsidéré l’importance de trouver un sens dans leur travail, d’après l’APEC. Le télétravail a joué un rôle majeur dans ce changement, offrant aux individus la possibilité de passer plus de temps avec leur famille et provoquant une reconsidération de leurs priorités (Lefebvre Dalloz, 2023). D’autres auteurs mentionnent également que la reconnaissance accrue du rôle de certains travailleurs ou encore la dégradation du lien social ont pu motiver ces derniers à rechercher davantage de sens dans leur travail. 

Un monde face à de nouvelles exigences 

Comme le mentionne Actual Net (2024), puisque les individus ont une éducation plus élevée ainsi qu’un accès à l’information plus important, leurs attentes en matière de travail évoluent. Les individus prennent davantage part à l’économie de la connaissance et cherchent alors à ce que les défis actuels (comme l’urgence environnementale, la lutte contre les inégalités et la pauvreté…) soient davantage pris en considération par leur entreprise. 

La montée de ces nouvelles valeurs pour les employés montre ainsi cette évolution face à laquelle le travail est désormais confronté. En réalité, l’importance du travail pour les individus ne cesse d’être en baisse selon le rapport Du sens à l’ouvrage : Comprendre les nouvelles aspirations dans le travail produit par le collectif Projet Sens (juin 2023). La sociologue Dominique Méda parle même de la « crise du travail » qui se ressent à l’heure actuelle. À présent, c’est alors la quête de sens qui devient progressivement une priorité pour les individus, mais qu’en est-il des entreprises ?

2. La satisfaction de la recherche de sens au travail : un avantage pour les entreprises également ?

Si la recherche de sens au travail revêt avant tout un aspect touchant à l’individualité, force est de constater que cette quête pourrait également bénéficier aux entreprises.

Selon Actual Net (2024), les entreprises pourraient, si elles s’engageaient dans cette démarche jouir de nombreux avantages tels que :

  • La production d’un impact et la fidélisation au niveau des personnes recrutées
  • Une hausse de leur performance (réduction de l’absentéisme lorsque les salariés éprouvent du sens au travail selon l’APEC) et de l’innovation (87% des travailleurs outre-atlantique ne réalisent pas leur plein potentiel au travail en raison d’un manque d’intérêt pour ce dernier selon une étude de Deloitte, 2014)
  • L’amélioration de leur marque employeur ainsi que leur image d’entreprise

Face aux difficultés rencontrées par les employeurs pour recruter (ANACT, 2023) et ce surtout dans les secteurs en tension (restauration, commerce, médico-social, industrie..) engager une démarche pour que les équipes perçoivent du sens avec leur travail pourrait permettre d’apporter une solution face à ce problème. L’enquête CSA pour l’ANACT (2022) mettait en avant que les difficultés de recrutement sont la deuxième préoccupation des employeurs de TPE-PME ayant participé à cette enquête.

L’ANACT souligne le besoin que les employeurs déploient une réelle politique de fond sur les conditions de travail (2023).

C’est ainsi que selon l’EDHEC (2022), l’atteinte des objectifs de l’entreprise dépend désormais également de l’implication des employés. Les emplois doivent alors être « attractifs » et « soutenables » (ibid). C’est dans cette optique que la directrice de l’AASE, structure d’aide à la personne à domicile en Dordogne, Sandrine Lavoix affirme « La rémunération est importante, mais ce n’est pas le seul élément pour attirer et fidéliser ». De nouvelles attentes viennent structurer le marché du travail actuel. 

3. Les outils et les actions concrètes pour arriver à ces changements  

Pour arriver à des changements en matière de sens et de bien-être au travail, différentes actions et de nombreux outils peuvent être déployés par les entreprises.

Le Fonds pour l’Amélioration des Conditions de Travail (FACT)

Le FACT est un fonds piloté par l’ANACT (dispositif d’aide publique) qui permet de « soutenir des projets permettant d’expérimenter ou de diffuser des solutions en faveur de l’amélioration des conditions de travail » (Revue de l’ANACT, 2023). 

Le déploiement d’une culture soft skills

Selon Lefebvre Dalloz (2023) le fait qu’une culture soft skills se développe dans l’entreprise facilitera l’avancée de l’entreprise vers la mise en oeuvre du sens et du bien-être au travail, ces dernières désignant des « compétences comportementales, transversales et humaines » (Fabrice Mauléon, Jérôme Hoarau, Le Réflexe Soft Skills, 2014). 

La considération par l’entreprise de ses salariés

Afin de parvenir à des changements durables en matière de sens et de bien-être au travail, il est important que l’entreprise cherche à considérer ses salariés. Cette considération par l’entreprise de ses salariés pourrait ainsi se produire lorsque cette dernière implique ses équipes dans les processus de décision, valorise les missions que ces dernières réalisent et qu’elle les amène à posséder davantage d’autonomie et de responsabilités ou encore lorsque l’entreprise permet à ses salariés de monter en compétences grâce à la proposition de suivi de formations par exemple… Grâce à cette considération du salarié par l’entreprise celui-ci sera plus enclin à prendre conscience de l’impact que son travail l’amène à réaliser.

Des expériences déjà réalisées dans ce sens permettent de mettre en évidence les succès associés à cette pratique. C’est notamment le cas pour l’entreprise vinicole Winery Logistique (mentionnée par la revue de l’ANACT, 2023) qui opère au niveau de la commune d’Arsac, en Gironde. Grâce à des adaptations réalisées par cette entreprise en matière de quête de sens et de bien-être au travail des gains de productivité et de sens ont pu être réalisés (ibid).

Concrètement, deux actions ont été implémentées :

  • Réorganisation de l’atelier de travail : cela a permis que les ouvriers participent à la prise de décision selon le gérant de l’entreprise, Sebastian Garrido Ortega amenant les salariés à soumettre leurs avis et à obtenir une amélioration de leurs conditions de travail (investissement dans une table élévatrice pour préserver la santé des employés, mise en oeuvre de la semaine de quatre jours…)
  • Promotion de la polyvalence : la direction a souhaité que les travailleurs saisonniers restent en activité au sein de l’entreprise tout au long du restant de l’année et ce grâce à une formation aux tâches commerciales et administratives. De nombreux salariés ont ainsi acquis plus de compétences.

La mise en oeuvre d’une démarche RSE

Enfin, de manière plus générale, Audencia (2023) mentionne l’importance que l’entreprise aille vers l’implémentation d’une démarche RSE afin que les équipes puissent poursuivre leur quête de sens au travail. En effet, entamer une démarche RSE permet de fidéliser les collaborateurs et que de nouveaux clients soient acquis par la firme (ibid).

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C’est ainsi que selon Thibaut Bardon, professeur à Audencia, c’est avant tout la mise en place d’un processus de co-construction qui permettra que l’objectif visé soit atteint. Cette quête de sens au travail, bien au-delà de s’avérer être réalisable par les entreprises s’impose alors progressivement comme étant indispensable !

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