Pour cette cinquième édition, nous avons choisi de vous présenter Maud Sarda, co-fondatrice et Directrice de Label Emmaüs, administratrice du Mouvement Impact France et administratrice les Licoornes, coopératives pour la transition.
Chez Groupe Rive Neuve, nous sommes admiratif.ve.s de son engagement, au sein d’Emmaüs, pour créer un e-commerce véritablement solidaire et éco-responsable.
Son engagement de longue date et profondément social…
Maud Sarda est, dès son plus jeune âge, sensible aux problématiques sociales. Née en Guadeloupe, elle grandit sur ce territoire caractérisé par une histoire lourde marquée par les inégalités et l’injustice sociale. La lutte contre celles-ci deviendra donc peu à peu une partie importante de sa vie.
Elle fait ses études à l’EDHEC Business School où elle s’implique, très tôt, dans des projets humanitaires. Par exemple, elle se rend à Madagascar afin de procéder à l’électrification d’un village. Mais ces missions la laissent insatisfaite. Donner l’accès à l’électricité à un village, oui, mais ne faudrait-il pas aussi former les habitants à entretenir ces installations et à les reproduire à d’autres endroits ? Sa vision de l’humanitaire change et elle se rend compte qu’elle aimerait davantage traiter les causes de ce type de problématiques plutôt que leurs symptômes.
Maud Sarda se dirige alors finalement sur la voie de l’insertion et de l’économie au service du développement. À la fin de ses études, elle réalise un mémoire sur le micro-crédit en Inde et elle prend conscience que certains modèles économiques peuvent être mis au service des populations et de la planète.
Après ses études, elle débute sa carrière chez Accenture. Mais après seulement 5 ans, elle rejoint le mouvement Emmaüs en tant que responsable économie solidaire Emmaüs France, car les valeurs et le projet de cette association résonnent en elle. Finalement, elle co-fonde le Label Emmaüs en 2016.
Sa volonté de refonder l’économie sur des bases de solidarité, d’inclusion et de sobriété…
Après un parcours intellectuel riche d’expériences et de remises en question, Maud Sarda trouve ce qui va l’animer au quotidien : inventer une autre économie, “où l’entraide et la seconde chance sont des valeurs centrales, où chacun.e peut avoir une place et être une richesse pour le collectif. Une économie qui inclut, qui protège, qui régénère, qui partage”.
Pour Maud Sarda, il s’agit de reconnecter l’économie à nos réalités et de la replacer là où elle aurait toujours dû être : au service des citoyens et de la planète.
Maud Sarda devient donc militante de l’économie solidaire. Convaincue de l’entremêlement des causes sociales et écologiques, elle travaille tous les jours à la création et pérennisation d’un nouveau modèle économique qui serait en phase avec les enjeux, tant sociaux qu’environnementaux, de notre temps.
Le Label Emmaüs, qu’elle dirige aujourd’hui, fait partie des 9 Licoornes : 9 sociétés coopératives qui répondent à des besoins quotidiens et agissent en faveur de la transition en construisant un modèle économique entièrement coopératif. Ce modèle veut prendre le contre-pied de l’individualisme, de la compétition et de l’illusion de la croissance infinie qui caractérisent notre système économique depuis des décennies.
Chacune de ces Licoornes s’efforce, dans son domaine particulier, de bâtir une proposition économique solide, concrète et vertueuse. Pour que des marchés qui semblaient jusque-là verrouillés puissent se transformer profondément et atteindre un idéal à la fois écologique, démocratique et solidaire.
Ces Licoornes tentent donc de bâtir la norme de demain, sur les 4 principes suivants :
– La durabilité : des modèles pérennes et peu coûteux en ressources naturelles.
– La solidarité : des modèles inclusifs, accessibles et poursuivant l’intérêt collectif.
– La démocratie : des modèles pensés par et pour les citoyen.ne.s, où le pouvoir est partagé.
– Une profitabilité limitée : l’essentiel des bénéfices est directement et systématiquement réinvesti dans l’activité, et les écarts de salaire sont très réduits.
Le Label Emmaüs, concrétisation de ses convictions profondes…
Intégrer la dimension digitale au projet d’Emmaüs
Emmaüs est un laboratoire d’innovations sociales et un mouvement pionnier de l’économie circulaire depuis presque 80 ans. Emmaüs semble avoir toujours été en avance sur son temps. Alors, en 2016, il est urgent d’intégrer la culture du numérique au mouvement, pour assurer la pérennité de l’association, qui sur ce point précis prenait du retard. C’était devenu un enjeu stratégique pour parvenir à toucher les jeunes générations.
Maud Sarda co-fonde alors la coopérative Label Emmaüs qui vient simplement prolonger l’activité d’Emmaüs de collecte et de revente d’objets en tout genre sur une plateforme en ligne. Le fonctionnement est le même que pour le mouvement Emmaüs : l’argent récolté grâce à la vente en ligne de ces produits d’occasion permet d’accueillir et de réinsérer professionnellement des personnes éloignées de l’emploi.
Emmaüs, qu’est-ce que c’est ?
Créée en 1949 par l’abbé Pierre, Emmaüs est une association qui récupère tout type d’objets issus de dons et les revend à un prix peu élevé. L’argent récolté sert à accueillir et accompagner des personnes en situation de grande exclusion, au sein de communautés. Les activités d’Emmaüs sont assurées en grande partie par les compagnes et compagnons d’Emmaüs, qui sont elles et eux aussi des personnes exclues, accueillies par Emmaüs et aujourd’hui réinsérées. Les compagnes et compagnons deviennent ainsi acteur.rice.s d’une société alternative et peuvent s’impliquer dans les instances.
Label Emmaüs en chiffres :
- 1400 sociétaires
- 60 salarié.e.s (55% de femmes)
- 1/3 de personnes en parcours d’insertion ou réinsertion
- Écarts de salaire ne dépassant pas x3
- 100% des bénéfices réinvestis dans l’outil de travail.
- 2 millions de produits de seconde main (issus de dons de particuliers mais aussi d’entreprises)
- 175 structures de l’Économie Sociale et Solidaire partenaires
- 2 entrepôts logistiques en France qui emploient des personnes en réinsertion
Depuis 2016, Label Emmaüs a formé plus de 1000 personnes en situation de grande exclusion aux métiers de la vente en ligne, du numérique et de la logistique. Pour aller plus loin, un centre de formation au e-commerce a été créé en 2019 par Label Emmaüs. Il délivre, après 5 mois de formation, un diplôme de designer web équivalent bac +3 à des demandeur.euse.s d’emploi du département du 93 sans qualification académique.
Label Emmaüs : un contre-modèle du e-commerce
Grâce à Label Emmaüs, le projet solidaire d’Emmaüs s’insère dans le secteur du e-commerce, un secteur ultra-concurrentiel et très capitaliste. Le défi est donc immense : prouver qu’il est possible de s’imposer dans un tel secteur avec un projet social et écologique fort et un modèle de partage total de la richesse et du pouvoir. Et c’est un défi que Maud Sarda et ses collaborateur.rice.se comptent bien relever !
À l’inverse de toutes les grandes plateformes de vente en ligne, Label Emmaüs est une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), ce qui implique que son fonctionnement est très démocratique (une personne = une voix peu importe l’argent investi), qu’il n’y a pas d’actions proposées et pas de valorisation du capital (ce qui rend la levée de fonds parfois compliquée…) et que tous les bénéfices sont réinvestis à 100% dans l’outil de travail.
En complément de la plateforme Label Emmaüs sur laquelle on peut acheter les objets collectés par Emmaüs, la plateforme Trëmma est lancée en 2020 pour permettre aux citoyen.ne.s de donner leurs objets en ligne. Trëmma rend le don à Emmaüs aussi simple que la vente sur Vinted ou LeBonCoin sauf que, en donnant leurs objets sur Trëmma, les citoyen.ne.s participent à un projet solidaire, qui aide vraiment les gens et fait vraiment de l’écologie. Car Maud Sarda alerte, tous les sites de seconde main n’ont pas un impact positif sur la société.
Le modèle de Label Emmaüs est également profondément circulaire. Au-delà de ne revendre que des produits d’occasion, ces produits ont un circuit très court, les distances qu’ils parcourent sont réduites au minimum. Label Emmaüs ne propose pas de livraison à domicile mais uniquement en points relais. Il n’y a pas non plus de livraison express et 80% des vendeurs utilisent des emballages récupérés. Ainsi, Label Emmaüs prend totalement le contre-pied de plateformes comme Amazon.
Bref, Label Emmaüs et les Licoornes, on valide et on suit de très près ! Merci Maud Sarda pour ton engagement en faveur d’une autre économie. Il résonne particulièrement avec ce en quoi nous croyons, chez Groupe Rive Neuve.
À bientôt pour un nouveau portrait !
Ressources :
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CONFÉRENCE CODIR COMEX
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